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Communiqué de presse |
ANAYLSE DES RAPPORTS ET DES ÉTUDES STATISTIQUES
COMMANDÉS PAR L'ASSOCIATION DES BANQUIERS CANADIENS SUR LES PRÊTS
ACCORDÉS AUX ENTREPRISES
(Pour la période du 30 septembre 1995 au 30 septembre 1997)
I. Petites entreprises, économie canadienne et accès
au capital
Selon le gouvernement canadien, 98 % de toutes les entreprises
occupent moins de 50 employés (88 % en emploient moins de cinq);
53 % des Canadiens actifs dans le secteur privé sont travailleurs
autonomes ou travaillent pour le compte d'entreprises occupant moins de
100 employés. Toujours selon le gouvernement, c'est aux petites
entreprises qu'on doit plus de 80 % de la croissance de l'emploi au cours
de 15 dernières années, et celles-ci sont à l'origine
de 38 % du produit intérieur brut en 1991.
Il est largement admis, si l'on se fonde sur les études de
l'Association des banquiers canadiens (ABC) et de la Fédération
canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI), que les petites
entreprises ont des besoins en crédit atteignant au plus 250 000
$. Selon les rapports de l'ABC sur les prêts accordés aux
entreprises, les clients obtenant une autorisation de prêt de 100
000 $ ou moins constituent 69 % de la clientèle commerciale des
banques, tandis que 85 % des bénéficiaires des prêts
commerciaux obtiennent des autorisations inférieures à 250
000 $.
II. Enquêtes sur les prêts bancaires : erronées,
non valables et inadéquates
Les sondages menés auprès des membres de la FCEI
font ressortir que la question de l'«accès au capital»
est un problème chronique, surtout quand on compare les entreprises
canadiennes aux américaines. D'année en année, ce
problème figure parmi les dix principales préoccupations
des répondants, et le nombre d'entreprises mentionnant des problèmes
d'accès au capital a doublé entre 1990 et 1996, passant de
20 % à 40 % (l'étude menée en juin 1996 range la question
de l'«accès au capital» au sixième rang des préoccupations).
Par contraste, les répondants à des enquêtes menées
au cours des 10 dernières années par la National Federation
of Independent Business (NFIB) américaine n'ont jamais accordé
plus qu'une 43e place à cette question (dans l'étude de 1996,
le problème de l'«accès au capital» occupait
la 63e place).
Les deux études annuelles commandées par l'ABC (menées
par Thompson, Lightstone & Company Inc.) ont révélé
que le taux d'approbation des demandes de prêt faites par la petite
entreprise est de plus de 80 %. Toutefois, l'étude de l'association
comporte des lacunes importantes. D'abord, l'ABC a mené son étude
auprès d'entreprises dont les ventes sont inférieures à
50 millions $ et qui occupent moins de 500 employés; elle se base
donc sur des critères qui vont bien au delà de la définition
de «petite entreprise». Plus précisément, les
conclusions se fondent avant tout sur les réponses obtenues auprès
d'entreprises existantes de taille assez considérable (comptant
plus de 50 employés) et auprès de tout au plus 200 entreprises
débutantes qui s'étaient adressées aux banques en
vue d'obtenir un prêt. Ces quelques entreprises correspondent à
une très faible proportion des 720 000 clients commerciaux des sept
grandes banques canadiennes. Finalement, l'étude a été
menée conjointement avec la Chambre de commerce du Canada, qui compte
justement ces banques parmi ses membres.
Ces lacunes font ressortir le fait que l'étude commandée
par l'ABC est inadéquate et non valable pour assurer le suivi des
demandes de prêt faites par la petite entreprise, de même que
des taux dÕapprobation et de rejet de ces demandes. La divulgation
systématique par les banques du nombre total de demandes de prêts
commerciaux, ainsi que des taux d'approbation et de rejet de ces demandes,
la classification de ces demandes en fonction de la taille et de la nature
de l'entreprise et d'autres facteurs, constituerait donc une méthode
d'étude de la situation de l'accès au capital bien plus acceptable
et plus complète. (Pour plus d'information, consultez le troisième
exposé de position: Divulgation par les banques des statistiques
des prêts aux entreprises : comment corriger les erreurs du système
actuel (Novembre 1997)).
III. Statistiques produites par les sept grandes banques (Banque
Royale, CIBC, Banque de Montréal, Banque de la Nouvelle-Écosse,
Banque Toronto-Dominion, Banque Nationale, Banque de Hong Kong du Canada)
Une analyse des rapports statistiques sur le crédit commercial
produits par l'Association des banquiers canadiens (ABC) à chaque
trimestre depuis le 30 septembre 1995 jusqu'au plus récent, en date
du 30 septembre 1997, permet d'en arriver aux constatations suivantes :
(a) Prêts aux petites entreprises
Une comparaison des autorisations de prêt aux petites entreprises
accordées entre le 30 septembre 1995 et le 30 septembre 1997 révèle
que le soutien à la petite entreprise a diminué en cette
période, de la façon suivante :
Ceci signifie que le secteur de la petite entreprise, pourtant
à l'origine de 35 % du produit intérieur brut canadien, ne
reçoit tout au plus que 6,5 % du volume des prêts commerciaux
accordés par les banques.
Alors que le gouvernement fédéral prétend
vouloir stimuler la microentreprise, et que les démographes prédisent
une augmentation considérable du travail autonome dans les années
à venir, les chiffres divulgués par les banques entre
le 30 septembre 1995 et le 30 septembre 1997 traduisent une réticence
persistante de la part de celles-ci à soutenir la création
d'emplois dans le secteur de la petite entreprise.
(b) Prêts aux grandes entreprises
Sur les 99,8 milliards de dollars d'augmentation du crédit
aux entreprises au cours des années allant du 30 septembre 1995
au 30 septembre 1997, 81,2 milliards (81,3 %) correspondaient à
des prêts de plus 5 millions de dollars (soit une augmentation de
16,74 % pour cette catégorie de prêt). Au cours de la même
période, toutefois, la proportion de clients dont le crédit
dépassait les 5 millions a diminué de 13,66 %, leur nombre
étant passé de 11 477 à 9909.
Il ressort qu'au 30 septembre 1996 les clients ayant une autorisation
de crédit supérieure à 5 millions de dollars ne représentaient
que 1,29 % du nombre de clients, alors qu'ils ont reçu 86,42 % du
crédit prolongé (comparativement à 1,72 % de l'ensemble
des clients et à 74,57 % du crédit au 30 septembre 1995).
Bref, tout ceci revient à dire dans cette periode, les banques
ont consenti un volume plus important de prêts à un nombre
plus faible de grandes entreprises.
(c) Prêts autorisés et prêts utilisés
Il est intéressant de comparer volume des prêts
autorisés et volume de prêts utilisés par les entreprises
de différentes tailles. Pour les petites entreprises ayant
droit à des prêts inférieurs à 250 000 $, le
taux d'utilisation est de 70 %, alors que pour les grandes entreprises
ayant des limites autorisées de plus de 5 millions de dollars, ce
taux est de 29 %. Il ressort clairement de cela qu'une éventuelle
augmentation du volume total des prêts autorisés entre le
30 septembre 1995 et le 30 septembre 1997 pour les entreprises, petites
ou grandes, aurait pu être assumée par la portion non utilisée
des autorisations existantes. Entre le 30 septembre 1995 et le
30 septembre 1997, aucun nouveau crédit n'a donc vraiment été
mis à la disposition des petites et moyennes entreprises; or, pendant
ce temps, c'est aux grandes entreprises, celles qui en ont le moins besoin,
que les banques accordaient des prêts.
Conclusion
Les statistiques des banques indiquent qu'elles ne jouent pas
leur rôle d'intermédiaire financier en n'offrant pas de capital
aux entreprises dont les possibilités de création d'emplois
sont les plus grandes et qui auraient le meilleur effet sur l'économie
canadienne. Au moment où les sept grandes banques canadiennes se
classent parmi les 25 plus rentables dans le monde, en partie parce que
le gouvernement fédéral a tenu leurs activités commerciales
rentables à l'abri de la concurrence nationale et internationale
pendant des décennies, cette structure de prêt paraît
injustifiable.
Clients commerciaux des banques et crédits accordés
en fonction de la taille des prêts
(Source: Statistiques sur le crédit aux entreprises, en date
du 30 septembre, 1997,
Association des banquiers canadiens (1997))
(Puisque que 85% des clients commerciaux des banques ont des prêts
de moins de $250,000, ces prêts sont considérés comme
prêt à la petite entreprise. Les statistiques du 30
septembre, 1997 sont les plus récentes disponible en date du 1er
mai, 1998)
Clients commerciaux des sept grandes banques en fonction de la taille des prêts accordés
Prêts autorisés inférieurs à 25,000 $ | 311,156 | (40,6 % de la clientèle totale) |
Prêts autorisés inférieurs à 100,000 $ | 505,007 | (70,1 %) |
Prêts autorisés inférieurs à 250,000 $ | 653,893 | (85,4 %) |
Prêts autorisés de 250 000 $ à 1 million $ | 76,106 | (9,9%) |
Prêts autorisés supérieurs à 1 million $ | 35,846 | (4,7 %) |
Total des prêts accordés aux clients commerciaux | 765,305 clients | (100 %) |
Pourcentage du volume total de prêts accordés par les sept grandes banques, en fonction de la taille des prêts
Prêts autorisés inférieurs à 25,000 $ | 2,47 milliards $ | (0,49 % du crédit total) |
Prêts autorisés inférieurs à 100,000 $ | 14,24 milliards $ | (2,85 %) |
Prêts autorisés inférieurs à 250,000 $ | 32,4 milliards $ | (6,47%) |
Prêts autorisés de 250 000 $ à 1 million $ | 35,49 milliards $ | (7,1 %) |
Prêts autorisés supérieurs à 1 million $ | 431,987 milliards $ | (86,42 %) |
Total des prêts accordés aux clients commerciaux | 499,84 milliards $ | (100 % du crédit total) |
Montants médians prêtés par les sept grandes banques en fonction de la taille des catégories de prêts
Prêts autorisés inférieurs à 25,000 $ | 7,941 $ |
Prêts autorisés inférieurs à 100,000 $ | 28,198 $ |
Prêts autorisés inférieurs à 250,000 $ | 49,549 $ |
Prêts autorisés de 250 000 $ à 1 million $ | 466,323 $ |
Prêts autorisés supérieurs à 1 million $ | 12,051,191 $ |
Montant médians pour tout les clients commerciaux | 653,125 $ |
Comme les statistiques commerciales ci-dessus l'indiquent, les petites
entreprises (celles qui contractent des prêts de moins de 250 000
dollars) constituent 85 % des clients obtenant un crédit pour entreprise,
alors qu'elles ne reçoivent que 6,47 % de l'ensemble du crédit
aux entreprises. Par comparaison, les grandes entreprises (celles dont
les prêts sont supérieurs à 1 million de dollars) ne
correspondent qu'à 4,7 % des clients, alors qu'elles obtiennent
86 % des sommes prêtées par les sept grandes banques canadiennes.
Statistique des prêts bancaires à la petite
et moyenne entreprise
(Source: Statistiques sur le crédit aux entreprises,
au 30 septembre, 1997,
Association des banquiers Canadiens (1997))
(Ce rapport de l'ABC est le plus récent en date du 1 mai, 1998)
(Quatre-vingt-cinq p. cent des clients commerciaux des banques ont des
prêts de moins de 250 000 $,
caractéristiques des petites entreprises, et 10,2 % des clients
ont des prêts de 250 000 à 1 million de dollars, caractéristiques
des moyennes entreprises.)
(Les chiffres sont exprimés en milliard $)
Banque Royale
Crédit total autorisé | 103,151 $ |
Moins de $250,000 Pourcentage du total |
9,134 $ 8,85 % |
Moins de $1 million Pourcentage du total |
18,878 $ 18,30% |
CIBC
Crédit total autorisé | 121,470 $ |
Moins de $250,000 Pourcentage du total |
5,473 $ 4,51 % |
Moins de $1 million Pourcentage du total |
11,789 $ 9,71 % |
Banque de Montréal
Crédit total autorisé | 64,869 $ |
Moins de $250,000 Pourcentage du total |
5,854 $ 9,02 % |
Moins de $1 million Pourcentage du total |
11,531 $ 17,78 % |
Banque de la Nouvelle-Écosse
Crédit total autorisé | 56,761 $ |
Moins de $250,000 Pourcentage du total |
3,847 $ 6,78 % |
Moins de $1 million Pourcentage du total |
7,248 $ 12,77 % |
Banque Toronto-Dominion
Crédit total autorisé | 99,887 $ |
Moins de $250,000 Pourcentage du total |
3,960 $ 3,98 % |
Moins de $1 million Pourcentage du total |
8,337 $ 8,37 % |
Banque Nationale
Crédit total autorisé | 77,760 $ |
Moins de $250,000 Pourcentage du total |
3,742 $ 4,47 % |
Moins de $1 million Pourcentage du total |
7,741 $ 9,95 % |
Banque de Hong Kong du Canada
Crédit total autorisé | 13,975 $ |
Moins de $250,000 Pourcentage du total |
0,619 $ 4,43 % |
Moins de $1 million Pourcentage du total |
2,033 $ 14,55 % |
Total: Sept grandes banques
Crédit total autorisé | 499,842 $ |
Mons de $250,000 Pourcentage du total |
32,360 $ 6,47 % |
Moins de $1 million Pourcentage du total |
67,855 $ 13,57 % |
Selon ces statistiques, aucune des sept grandes banques canadiennes
n'avait consacré, au 30 septembre 1997, plus de 10 % de l'ensemble
de ses prêts à la petite entreprise (prêts inférieurs
à 250 000 $) et aucune d'entre elles n'en ayant consacré
plus de 20 % à la petite et moyenne entreprise (prêts inférieurs
à 1 million de dollars).
Statistiques sur les prêts accordés par les
banques aux entreprises en fonction de la région
(Source: Statistiques sur le crédit aux entreprises, à
partir du 31 décembre, 1995 au 30 septembre, 1997, Association des
banquiers canadiens). Les statistiques du 30 septembre, 1997 sont les plus
récentes disponible en date du 1er mai, 1998)
(Les chiffres sont exprimés en milliard $)
Prêts commerciaux de moins de 250 000 $ consentis par
les sept grandes banques
en fonction de la région
(Puisque que 85% des clients commerciaux des banques ont des prêts
de moins de $250,000,
ces prêts sont considérés comme prêt à
la petite entreprise)
Région | 31 déc. 1995 | 30 sept. 1997 |
Atlantique | 2,243 (14,3 %) | 2,458 (14,5 %) |
Québec | 6,320 (7,9) | 6,508 (7,6) |
Grand Toronto | 4,118 (2,2) | 2,954 (1,45) |
Sud de l'Ontario | 5,027 (14,1) | 6,374 (14,3) |
N & E de l'Ontario | 2,263 (20) | 2,624 (17,6) |
Manitoba/Saskatchewan | 2,680 (16) | 3,188 (15,5) |
Alberta | 3,366 (6,6) | 3,878 (6,0) |
C.B. / Territoires | 3,552 (7,6) | 4,375 (8,8) |
Les pourcentages entre parenthèses correspondent au rapport entre les prêts de moins de 250 000 $ autorisés par région et le volume total de prêts autorisés pour la région en question, à cette date.
Comme le démontre ces statistiques, entre le 31 décembre,
1995 et le 30 septembre, 1997 les prêts à la petite entreprise
(moins de $250,000) dans la région du Grand Toronto ont diminué
en terme de montant et de pourcentage du crédit total de la région,
et ont diminué en terme de pourcentage total des prêts regional
au Quebec, au nord et est de l'Ontario, Manitoba/Saskatchewan et l'Alberta,
chaque région démontre un augmentation dans le montant et
le pourcentage des prêts à la petite entreprise.
Statistiques regroupant les sept grandes banques - crédit par région
Région | 31 déc. 1995 | 30 sept. 1997 |
Atlantique | 15,643 (3,5 %) | 16,973 (3,4 %) |
Québec | 79,763 (18,0) | 85,498 (17,1) |
Grand Toronto | 182,877 (41,7) | 203,489 (40,7) |
Sud de l'Ontario | 35,542 (8,0) | 44,469 (8,9) |
N & E de l'Ontario | 11,123 (2,5) | 14,898 (2,98) |
Manitoba/Saskatchewan | 16,718 (3,8) | 20,512 (4,0) |
Alberta | 50,495 (11,5) | 64,372 (12,9) |
C.B. / Territoires | 46,267 (10,5) | 49,631 (9,9) |
Les pourcentages entre parenthèses correspondent au pourcentage de crédit autorisé par région et le volume total de prêts autorisés pour la région en question, à cette date.
Comme ces statistiques le démontre, la région
du Grand Toronto reçoit plus de 40% des prêts totaux accordés
au Canada, la vaste majorité de ces prêts sont accordés
aux grandes entreprises. (comme indiqué sur le tableau). Aussi,
entre le 31 décembre, 1995 et le 30 septembre, 1997 les régions
de l'Atlantique Canada, du Québec, de la C.B. / Territoires et le
Grand Toronto ont tous subies des diminution en terme de pourcentage accordés
dans ces régions.
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