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Dix questions que les Canadiens devraient se poser au sujet des profits des banques |
«Les banques canadienne n'évoluent pas dans un contexte déréglementé. Depuis des années, elles bénéficient de la protection que leur accorde la Loi canadienne sur les banques. C'est une des raisons qui explique la stabilité des banques canadiennes par rapport aux institutions financières américaines. Selon moi, il est temps que les banques fassent aussi leur part.»Les cinq grandes banques canadiennes (la Banque Royale, la CIBC, la Banque de Montréal, la Banque Scotia et la Banque TD-Canada Trust) sont les plus grandes entreprises du pays, d'après la taille de leur actif. À elles cinq, elles contrôlent 70 % des actifs des institutions de dépôts au Canada, 80 % des prêts aux petites entreprises, plus de 80 % des actifs des courtiers en valeurs mobilière (et la quasi-totalité des grandes maisons de courtage), toutes les grandes sociétés de fiducie à part deux d'entre elles, et la majorité des sociétés de prêt hypothécaire et de crédit à la consommation.Extrait d'un discours de Jean Chrétien
(11 février 1993)«Si vous regardez l'histoire de ce pays, vous constaterez qu'il y avait une banque dans chaque petite ville. La plupart des petites villes se battent pour conserver leur succursale. De toute évidence, le secteur financier pénètre chaque partie de votre vie, de votre crédit à votre carte de crédit.»
L'honorable Paul Martin
(CTV Sunday Edition, 19 avril 1998)
Les cinq grandes banques ont engrangé en 2006 des bénéfices records de plus que 18 milliards de dollars au total, presque 6 milliards de dollars plus que le dernier record en 2004. Leurs profits annuels ont plus que quatre fois depuis 1994 (quand était 4,04 milliards de dollars).
En 2006, la Banque Royale a réalisé les bénéfices de $4.73 milliards de dollars, les plus élevés qu'ait jamais enregistrés une entreprise canadienne (1997 - 1,68 milliard de dollars ; 2003 - 3,01 milliard de dollars). La Banque TD-Canada Trust a réalisé presque le même total que la Banque Royale, $4.6 milliards de dollars.
Voici dix questions que les Canadiens devraient se poser au sujet de l'usage que les banques font de notre argent et de la mesure dans laquelle leurs bénéfices records sont justifiés en cette période de chômage élevé et de faible confiance des consommateurs. Si vous êtes insatisfait(e) des réponses, vous avez la possibilité de vous faire entendre. La Loi sur les banques fédérale fait actuellement l'objet d'un examen qui débouchera sur des changements législatifs au cours des six prochains mois.
Envoyez une
lettre à votre député fédéral
en lui demandant que la législation bancaire soit réformée
dans le sens d'une plus grande responsabilisation des banques. Vous n'avez
pas besoin d'affranchir votre lettre; adressez-la simplement à la
:
Chambre des communes
Ottawa (Ontario) K1A 0A6.
1. Les cinq grandes banques canadiennes devraient-elles se préoccuper avant tout des intérêts de leurs actionnaires?
Étant donné que les banques ne seraient rien sans l'épargne des déposants, est-ce qu'il n'est pas grand temps qu'elles tiennent davantage compte des préoccupations des déposants, et notamment des questions exposées ci-après?
Cependant, la plupart des autres grandes entreprises contribuent elles aussi au fonctionnement de l'économie, tandis qu'un grand nombre de Canadiennes et de Canadiens paient comparativement plus d'impôts que les banques et donnent davantage aux organismes de charité, en proportion de leur revenu.
Pour juger si les banques jouent vraiment un rôle utile à
la société, il faut déterminer si elles servent bien
les Canadiennes et Canadiens, ainsi que notre économie, dans l'exécution
de leur rôle essentiel, qui est de fournir un accès au capital
(en particulier pour la création d'emplois) et d'offrir des services
bancaires à tous les citoyens.
Ce que nous savons, c'est que l'ensemble des prêts accordés
par les banques aux entreprises s'élève à environ
600 milliards de dollars, dont 3 % seulement sont octroyés aux petites
entreprises (prêts de moins de 100 000 $), tandis que 77 % bénéficient
aux grandes entreprises (prêts de plus de 5 millions de dollars).
Or, le secteur des petites entreprises a créé 90 % des emplois
au Canada depuis 1983 et fait travailler la moitié des Canadiennes
et Canadiens faisant partie de la population active. Si les banques ne
satisfont pas à la demande de financement des petites entreprises,
elles nuisent à la création d'emplois.
Ce que nous savons, c'est que plus de 600 000 Canadiennes et Canadiens,
dont beaucoup ont un faible revenu, ne possèdent pas de compte en
banque et ont difficilement accès aux services bancaires. Des sondages
menés à l'échelle nationale ont démontré
que ce problème tient en grande partie au fait que les banques exigent
des pièces d'identité pour ouvrir un compte ou pour encaisser
un chèque (même les chèques émis par le gouvernement)
et que les citoyens à faible revenu ou les assistés sociaux
ne peuvent généralement pas répondre à cette
exigence.
Les banques prétendent qu'elles doivent maintenir des taux élevés à cause des fraudes commises par les consommateurs, des faillites et du coût de remplacement des cartes perdues ou volées. Cependant, elles refusent de fournir des renseignements sur le coût réel de leurs opérations de carte de crédit, comparativement aux revenus qu'elles en tirent. Le gouvernement fédéral ne les a pas obligées à fournir ces renseignements. Sans cette information, les Canadiens ne peuvent savoir s'ils se font exploiter en raison des taux d'intérêt élevés exigés sur les cartes de crédit.
Les réserves obligatoires ont été abaissées graduellement pendant les années 80, pour être finalement éliminées par le gouvernement fédéral en 1992, les banques ayant réussi à persuader le gouvernement que ces réserves constituaient une forme d'impôt pour elles.
L'élimination des réserves obligatoires a permis aux grandes banques d'accroître considérablement leurs portefeuilles de titres fédéraux, qui sont passés de 20 milliards de dollars (6,1 % du total) en 1990 à 85 milliards de dollars (17,3 %) en 1995. De son côté, la Banque du Canada a ramené son portefeuille de titres de plus de 20 % en 1980 à 5,1 % de l'encours total (24 milliards de dollars) en 1995.
La diminution des titres en portefeuille à la Banque du Canada
s'est traduite par 80 milliards de dollars d'intérêts supplémentaires
sur la dette fédérale entre 1978 et 1995. Si l'on ne rétablit
pas les réserves obligatoires, le rôle de la Banque du Canada
dans la création de la masse monétaire, son portefeuille
de titres fédéraux et son influence sur les marchés
financiers continueront de diminuer. Il en coûtera plus cher au gouvernement
fédéral (sous forme d'intérêts à payer
sur la dette) et ce sera lourd de conséquences pour la souveraineté
économique du Canada.
Comme nous l'avons indiqué précédemment, le gouvernement
fédéral n'a pas obligé les banques à fournir
des renseignements essentiels sur leurs prêts, ce qui empêche
les Canadiens de déterminer si les banques appuient suffisamment
les entreprises créatrices d'emplois ou ont une attitude discriminatoire
envers des communautés ou des groupes particuliers. Le gouvernement
a avalisé la désignation d'ombudsmans bancaires, même
si aucun d'entre eux n'est indépendant et ne dispose de pouvoirs
d'exécution. Enfin, le gouvernement n'a pas obligé les banques
à fournir des renseignements clés qui révéleraient
si elles exploitent les consommateurs en leur imposant des frais de service
excessifs et des taux d'intérêt trop élevés
sur les cartes de crédit.
Tous ensemble, nous pouvons faire la différence.
Coalition canadienne pour le réinvestissement
communautaire
C.P.1040, Succ.B,
Ottawa Canada K1P 5R1
Tél: (613) 789-5753
Télec: (613) 241-4758
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